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Sa dimension internationale

Le Mouvement français aurait pu être qualifié, comme ce fut le cas pour le Parti Communiste Français , de "Parti de l’étranger" il le fut bien avant-guerre où l’apport allemand, que l’émigration politique allait renforcer, imprimait au Mouvement ce caractère particulier. Le fait même que l’ Internationale de l’Éducation Socialiste ait eu son siège à Draveil ajoute au caractère international des Faucons Rouges. Ils furent au cœur des rencontres et des échanges de l’émigration anti-fasciste et social-démocrate [1]européenne. L" ’Aide", qui n’était que le bulletin mensuel des Amis de l’Enfance Ouvrière , devenait en 1935, le "Bulletin mensuel de l’Internationale de l’Education Socialiste et des Amis de l’Enfance Ouvrière de France ". Il devait contribuer à mêler étroitement les Faucons Rouges français aux activités et aux problèmes des organisations étrangères. C’est la raison pour laquelle ces organisations méritent que l’on s’y attarde.

Première constatation, l’importance de ces organisations étrangères est proportionnelle à celle des Partis sociaux-démocrates [2] membres de l’ Internationale Ouvrière Socialiste .

Deuxième constatation, l’ordre d’importance s’inscrit dans une spirale légèrement différente que l’on pourrait traduire de la façon suivante :

au centre, la trilogie des organisations allemande, autrichienne et tchèque, dans leur mouvance, celles de Hongrie et surtout de Pologne, voire de Lettonie [3]. puis les organisations suisse, belge, et française ; à la périphérie, les organisations scandinave et anglaise qui échappent un peu au modèle austro-allemand ; au-delà, une nébuleuse de groupes nationaux plus ou moins importants.

Dans le détail, leur histoire ne manque pas d’enrichir le patrimoine culturel, politique et pédagogique des Faucons Rouges.

Les principaux Mouvements des Amis de l’Enfance Ouvrière

En Angleterre : le Mouvement du Woodcraft-Folk

Assez original pour ne pas avoir pris le nom de "Faucon Rouge", il tranche également sur les autres mouvements par le contenu de sa pédagogie, moins doctrinale et d’une tonalité plus "écologique".
Pour se démarquer du Mouvement scout, jugé trop militariste, des militants anglais proches du mouvement coopératif fondent, après la première guerre mondiale, le Mouvement "Kibbo-Kift""dans le but d’éduquer la jeunesse dans le sens de la paix et de l’Internationalisme". Mais le Mouvement, avec ses costumes et ses étranges cérémonies (habits verts, totémisations ...), a pour effet de rebuter les plus convaincus et de provoquer une scission qui aboutit à la création d’un autre mouvement appelé le " Douglas-Social-Credit ". Ce mouvement prit le nom de ’’ Wafarers Fellowship " en 1924, puis celui de ’’ WoodcraftFolk " ; dirigé par Leslie A. Paul, il reprend en partie l’idéologie et le rituel Kibbo-kift.

En 1935, le Mouvement Woodcraft-Folk est reconnu par le Parti Travailliste et par les Syndicats , comme l’organisation des enfants et de la jeunesse travaillistes. Le nouveau Président Basil Rawson, et le Secrétaire Henri Fair peuvent alors juger
du résultat positif de cette reconnaissance par la gauche anglaise, y compris le Mouvement Coopératif  ; l’accroissement du nombre des adhérents est remarquable, il passe de 2.000 à 6.000 membres entre 1936 et 1939. Le Mouvement publie un mensuel "Broadsheet", un bulletin pour les Aides ’’Herald of the Folk", un mensuel pour les enfants "Pionniers".

En 1937, le Mouvement anglais est suffisamment important pour organiser la République Internationale d’enfants à Brighton et en 1938, des Républiques nationales constituées par cinq camps de toiles plus petits, dans différentes régions de Grande-Bretagne .

Pendant la deuxième guerre mondiale, beaucoup d’émigrants socialistes, belges et français, vinrent en Angleterre aidés et soutenus par le Mouvement Woodcraft-Folk après la guerre, il contribua à redonner vie et à réorganiser l’ Internationale Faucons Rouges .

En Pologne

Les organisations de jeunesse,de gauche ou catholiques, sont nombreuses et bien structurées. Parmi les organisations liées à l’ Internationale de l’Éducation Socialiste , il faut distinguer celles liées au PPS (Parti Socialiste Polonais) [4]. et celles liées au BUND .

Les organisations liées au PPS :

" Les Amis de l’Enfance Ouvrière " (Robotnicze Towarystwo Pryjacio Dzieci)

Fondés en octobre 1925, ils rassemblaient 23 organisations en 1929, 25 en 1931, soit environ 7.700 membres. Les Amis de l’Enfance Ouvrière possédaient 19 garderies, 12 clubs d’enfants, 13 crèches, une maison de repos, plusieurs colonies de vacances [5]

"Le PPS a fortifié à l’époque son influence auprès des institutions municipales et des caisses d’assurances sociales. Toutefois, la politique trop modérée et anticommuniste de la direction du Parti provoquait des sécessions des groupes davantage à gauche" [6] et de grands débats au sein des Scouts rouges .

" Le Conseil principal des Scouts rouges " (Rada Golowna Czerwonego Harcerstwa)

L’organisation est créée en automne 1926 à Warschau comme branche des Jeunesses Socialistes  ; puis elle devient une section de la Société des Initiatives Ouvrières (T.U.R.). Elle comptait, en 1936, 2.700 enfants âgés de 11 à 16 ans et son journal "Gromada" (le Groupe) tirait à 2.000 exemplaires (il était également lu et diffusé parmi les Amis de l’Enfance Ouvrière .) Malgré toutes les difficultés économiques et politiques que connut la Pologne jusqu’en 1939, l’organisation réalisa de nombreux camps et Républiques.

L’organisation liée au BUND

L’ Association des enfants socialistes - SKIF - (en Yiddish, Sotzialistischer Kinder Farband )

L’histoire du SKIF est si étroitement liée à celle du BUND que cela nécessite une explication ; c’est aussi une histoire particulièrement riche "Der Algemayne Kikkisher Arbeter Bund in Poyln", l’Union Générale des Travailleurs Juifs de Pologne , le BUND , aide à la formation de la Social-démocratie russe à laquelle il participe en tant qu’organisation autonome. Dès 1903, a l’occasion de leur cinquième congrès à Zurich, le BUND entre en conflit avec la Social-démocratie russe sur la structure du Parti [7] le BUND participe activement à la Révolution de 1905 et à celle de 1917, mais les relations avec la Social-démocratie Russe s’aggravent en même temps que s’accentue la mainmise sur le pouvoir par les Bolcheviks qui reprochent par ailleurs au BUND , son particularisme et ses positions socialistes et démocratiques apparentées à la gauche du menchevisme.

Dans ces conditions, le BUND fut liquidé en Union Soviétique en 1921, alors même qu’il progressait de façon spectaculaire en Pologne jusqu’au coup d’état de Pilsudski en 1926 qui mit la gauche dans la situation de l’arroseur arrosé [8]. Le BUND eut dès lors maille à partir avec le PPS , plus nationaliste que socialiste et le Parti Communiste polonais ( KPP ) particulièrement sectaire ; en même temps, il dut lutter contre le conservatisme juif de l ’’’Agudat Israël"  [9], contre les sionistes de droite et de gauche qui prônaient l’émigration vers la Palestine. Car, juif et socialiste, le BUND était violemment anti-sioniste [10]. L’originalité du Parti eut raison, pour un temps, contre ses multiples adversaires, car, au lendemain des pogroms de 1936 et 1937, le BUND , grâce à son dynamisme, son courage, sa détermination (il organise une grève générale le 17 mars 1936, pour protester contre un pogrom, qui paralysa tout le pays), remporte une série de victoires électorales et devient le premier parti juif en Pologne.

Le BUND prend une part prépondérante dans les Mouvements de Résistance en Pologne (au premier plan dans la bataille du ghetto de Varsovie) et en Europe. Il réapparaît en Pologne entre 1945 et 1947 avant d’être liquidé, par la terreur, par le Gouvernement communiste en 1948.

Doublement persécutés comme juifs et comme socialistes, les militants du BUND ont émigré dans différents pays en Europe, mais également aux Etats-Unis.

C’est en 1900, que l’on trouve pour la première fois le BUND à Paris où il crée une Société Ouvrière Culturelle et Socialiste pour "développer la culture et la science parmi les ouvriers juifs de Paris" [11] ; en même temps, il s’agissait d’aider le BUND en Russie tsariste puis deux autres groupes furent fondés, constitués principalement d’étudiants et d’intellectuels qui fusionnèrent avec la Société Ouvrière pour former en 1904, la société bundiste "Kempfer" qui ne s’occupait plus exclusivement d’aider le BUND en Russie mais également de faire de la propagande socialiste parmi les immigrés qui arrivaient de plus en plus nombreux à Paris. Le " Kempfer " a aussi fondé une bibliothèque et une troupe théâtrale d’amateurs.

Après 1921, l’émigration s’enrichit de bundistes venus d’Union soviétique le BUND parisien se retrouvait dans un club au nom de Medem  [12] qui deviendra plus tard " Bibliothèque Medem " .

En 1932, le BUNO parisien fonde le " Cercle Amical ", une mutuelle qui avait de multiples activités (dispensaire, restaurant, université populaire, une chorale). Parallèlement,
la jeunesse du BUND était organisée dans le " TSUKUMFT " et les enfants dans le " SKIF ".

Le SKIF polonais

C’est une organisation puissante qui subit le plus cruellement les représailles d’une Pologne antisémite avant d’être aux mains des nazis :

" Kalmann Wapner, Secrétaire des Skifs, a donné le rapport moral :

A la fin de 1937, le mouvement a fait ce qu’on appelle "un appel général" des Skifs. A cette époque, on a compté 148 organisations locales dont 80 existent depuis plus de 5 ans, 66 depuis moins de 5 ans, (35 depuis moins de 2 ans). On a estimé que les effectifs des Skifs ont dépassé le chiffre de 10.000" [13] et pourtant, le SKIF devait rencontrer les plus grosses difficultés à partir de 1936 ; un membre de l’organisation pouvait écrire à l’Internationale de l’Education socialiste en mars 1936 :

"Les conditions dans lesquelles nous avons à travailler se sont empirées. Une vague de barbarie antisémite se répand sur tout le pays. Le national-fascisme oppositionnel qui agresse, et le régime Sanacja  [14] qui se délabre, font assaut d’antisémitisme. Les persécutions de Prytyk rappellent les mauvais temps du Tsar… La classe ouvrière juive répondit aux persécutions par la grève générale du 17 mars. Les enfants des ouvriers y participaient également à leur façon, 10.000 enfants n’allèrent pas à l’école suivant en cela l’appel du SKIF et malgré les sévères répressions qui les menaçalent. Mais les coups du fascisme ne frappaient pas seulement les ouvriers juifs."

et encore,

"les archives de notre organisation de Wilna se trouvent déjà entre les mains de la police, un nombre de plus en plus grand de camarades se trouve en prison".

Les trois organisations polonaises de l’Internationale de l’Éducation Socialiste continuèrent tant bien que mal leur travail jusqu’à ce que l’Allemagne y mette définitivement un terme en 1939. Elles disparurent en effet complètement, il ne reste plus aujourd’hui que les organisations de Pionniers du Parti Communiste et surtout les Scouts catholiques .

Le SKIF - Faucons Rouges en France

Jusqu’en 1939, le SKIF faisait partie intégrante du Mouvement de l’Enfance Ouvrière il constituait un groupe particulier au même titre que le groupe de Suresnes, Puteaux...

Les Faucons Rouges français n’ont jamais très bien compris, ni admis leur particularisme culturel, cette incompréhension devait s’aggraver après 1945 pour des raisons évidemment très compréhensibles, le SKIF renforçait son particularisme culturel juif. Il faut attendre 1950 pour que le SKIF et le M.E.O. reprennent langue :

"Le Bureau central fera une proposition au SKIF pour un protocole d’accord :

  • adhésion nationale du SKIF au M.E.O . - Il gardera son appellation ;
  • il prendra ses cartes permanentes et paiera ses cotisations mais gardera son assurance ;
  • il participera aux activités nationales et internationales du M.E.O.  ;
  • il aura les mêmes droits et les mêmes devoirs que tous les groupes de France du M.E.O .... " [15]

Cet effort ne devait pas aboutir :

" Alfred expose les conversations entre le M.E.O . et le SKIF , nous avions tout tenté pour essayer de travailler ensemble... Saïde montre qu’il faut être prudent et signale que toutes les réunions faites avec les Camarades du SKIF n’ont jamais apporté de grands résultats... " [16]

et du point de vue du SKIF , les explications sont un peu différentes :

"A partir de 1945, lorsque Cécile Steingard reconstitua le SKIF , organisation des Faucons Rouges juifs , ceux-ci furent alors totalement indépendants des Faucons Rouges français . Et lorsque nous participions aux rencontres internationales des Faucons Rouges , c’était à titre de Faucons Rouges juifs venant de France. Je me souviens en 1951 de difficiles discussions avec des camarades du M.E.O. , ils ne voyaient que racisme dans notre désir de particularisme juif et ils nous envoyaient en Palestine , éviction qui me fut longtemps bien obscure car, au SKIF , on ignorait avec une équité complète l’histoire juive et religieuse et le sionisme... " [17]

Excepté leur attachement à toutes les formes de la culture juive, à la langue yiddish, les méthodes pédagogiques et les objectifs étaient bien les mêmes :

"Les skifistes sortaient ensemble le dimanche : sorties culturelles ou camping très sauvage à la belle saison. Ils se réunissaient une fois par semaine, le mercredi ou le jeudi, par groupes d’âge. Les réunions étaient consacrées soit à un thème politique, soit à un thème culturel. On nous initiait à la littérature, à la poésie yiddish… les plus jeunes étudiaient le yiddish le jeudi après-midi, 45 rue Vilin à Ménilmontant  [18]...."

A Corvol, dans la Nièvre, il y avait le foyer du SKIF  : un château nommé "Ika" à la mémoire d’une bundiste morte dans la Résistance. Ce château avait été acheté pour nous grâce aux fonds des juifs américains. Nous y allions à toutes nos vacances, hiver, printemps, été... Nos moniteurs étaient des "aides", leur fonction était totalement bénévole... "

Et, contrairement au Mouvement français, le SKIF ne se querellait pas avec son grand frère de Parti :

"Le SKIF est le premier maillon de la chaîne qui mène au BUND " [19]

En Autriche (après 1934) [20]

Après sa dissolution, ses biens confisqués, les Amis de l’Enfance Ouvrière essaient de poursuivre leur travail éducatif dans des conditions particulièrement difficiles ; cette tentative n’aura pas de suite, puisqu’au 1er janvier 1937, une loi sur l’Éducation nationale et la jeunesse, dissolvait toutes les organisations de jeunesse, en même temps qu’elle prévoyait
des exercices, conférences et célébrations nationales obligatoires pour les jeunes âgés de moins de 18 ans. Ces conditions politiques ne permettaient à l’organisation clandestine socia-
liste révolutionnaire qu’un travail restreint.

Le Mouvement a très vite repris ses activités après la guerre et, gâce à la longue tradition social-démocrate de l’Autriche, les Faucons Rouges constituent encore aujourd’hui une organisation d’enfants très puissante.

En Belgique

L’histoire des organisations socialistes de la jeunesse et de l’enfance est assez compliquée pendant la période 1920/1930 ; d’une part à cause du bilinguisme de la Belgique, mais aussi et paradoxalement, du fait que le Parti Ouvrier Belge est devenu Parti de gouvernement entre 1918 et 1939.

Dans la partie flamande, le Parti Ouvrier constitua la Jeunesse Ouvrière Socialiste des Flandres (F.A.V.) en 1937 qui regroupait les Jeunes Gardes socialistes , les Faucons Rouges et la plus grande partie de la Jeunesse syndicale des Flandres . La base de l’organisation était formée par les Faucons Rouges et par les Faucons plus âgés, les Pionniers.

Dans la partie wallonne, les choses furent compliquées par les conséquences de la crise de 1929 qui eut pour effet d’accentuer l’opposition entre réformistes et révolutionnaires, notamment de renforcer le Parti communiste . Dans la jeunesse, cette radicalisation provoqua la constitution d’une Fédération Nationale des Jeunes Gardes socialistes avec leurs propres groupes d’enfants ; les plus modérés se retrouvèrent dans les organisations de jeunesse sportives, les groupes de bienfaisance pour enfants et surtout l’ Union de la Jeunesse Ouvrière (U.J.O.) qui comprenait les Faucons Rouges et Pionniers.

En 1935, le Parti Ouvrier Belge retira son soutien aux Jeunes gardes , tandis que ces derniers acceptaient de former avec l’U.J.O. , des sections de Faucons Rouges, les Jeunes Gardes se consacrant plus spécialement à la lutte politique. En 1936, nouvelles difficultés, les Jeunes Gardes flamands abandonnent les Jeunes Gardes pour rejoindre la Jeunesse Ouvrière Socialiste de Flandres tandis que les Jeunes Gardes de Wallonnie fusionnaient avec les Jeunes Gardes communistes .
Comme en France à la même époque, le Parti Ouvrier Belge cherche à reprendre le contrôle de ses Jeunesses en excluant tous les membres non socialistes de ses Jeunes Gardes
de toutes les instances dirigeantes du Mouvement de jeunesse. [21]

Finalement, se constituait à nouveau, de façon autonome, la section des Faucons Rouges et des Pionniers , mais la méfiance du Parti envers les Jeunes Gardes se répercuta sur les Faucons Rouges , si bien que les coopératives et les organisations de sport préférèrent former leurs propres groupes d’enfants pour se décider, un an plus tard, à rejoindre les Faucons Rouges qui reprirent alors un nouvel essort puisqu’ils comptaient 317.000 enfants en 1938. Ils constituent encore aujourd’hui un Mouvement d’enfants relativement important.

Aux Etats-Unis

La création de groupes d’enfants aux États-Unis est principalement l’œuvre d’émigrés venus d’Europe de l’Est. Privés du soutien des Partis socialistes traditionnels, les conditions d’édification et d’existence furent plus difficiles qu’ailleurs ; ils restèrent localisés dans quelques grandes villes New-York, Détroit, Chicago, Saint-Louis du Missouri, Minnéapolis, la Nouvelle Orléans. Le groupe de New-York organisa un théâtre en collaboration avec le Y.P.S.L. ( Young People Socialiste League ) d’obédience trotskyste. Il publiait un bulletin mensuel pour les Aides, un bulletin trimestriel pour les "leaders" " Guide for a falcon leader ", ’’ The falcon call " pour les Faucons Rouges.

En Hongrie

A l’image de ce qui se passait dans la partie autrichienne de l’Empire, l’ organisation des Amis de l’Enfance Ouvrière est créée en 1913. Dès 1917, le mouvement se reconstitue, soutenu par Max Winter, par les Amis de la Nature , par les Syndicats liés au Parti socialiste, par la Coopérative de consommation et par les Caisses de maladie .

Parallèlement à l’essor du Mouvement ouvrier en Hongrie de 1917 à 1919 et particulièrement pendant la brève République des Soviets de 19l8, le Mouvement des Amis de l’Enfance connaît un essor extraordinaire. Mais très vite le Mouvement est dissout par le régime clérical et fascisant.

Il connait un bref redressement dans la période 1920/1930, avec plus de 25 à 36 groupes, c’est-à-dire un chiffre tout à fait honorable de 1.800 membres adultes et de 3.000 à
4.000 enfants, ce que la France a rarement atteint.

En Lettonie

En 1931, 45 Unions ouvrières (40.000 personnes, adultes et enfants) constituaient le Mouvement des Amis de l’Enfance Ouvrière .

En République Tchécoslovaque

Avec " l’Union Ouvrière des Amis de l’Enfance pour la République tchécoslovaque ", le Mouvement tchèque était, avec celui d’Autriche et d’Allemagne, le plus important et le mieux structuré ; il compte, en 1930, 6.411 adultes et 16.000 enfants.

Par delà les divergences politiques que les sociaux-démocrates pouvaient avoir avec le Parti Communiste [22] , l’attrait de la Révolution bolchevique était très fort dans le Mouvement d’enfants nous l’avons vu, ce sont les Tchèques qui traduisaient du russe en allemand, les chants révolutionnaires, chœurs parlés ou autres. Contrairement aux conceptions pédagogiques de l’ Internationale de l’Éducation Socialiste , les Tchèques mettaient l’accent sur la défense antifasciste qui, selon eux, devait être l’affaire des Faucons Rouges, et, pour cette raison, encourageaient à une militarisation des groupes de jeunes, ce qui n’était pas sans froisser la majorité pacifiste du Mouvement français.

Il ne s’agit là que des organisations les plus importantes, mais il y en eut en Hollande, Danemark, Suède, Suisse, Norvège, Mexique, et même en Colombie à l’initiative
de réfugiés politiques allemands [23] , en Espagne pendant la courte période de la République espagnole avec la création des Pionniers dont le siège était à Valence et qui entretinrent
pendant presque toute la guerre civile, une correspondance assidue avec l’Internationale de l’Education Socialiste. [24]

Des divergences profondes, comme celles qui opposaient les tchèques à l’ I.E.S. , soulevaient de grands débats dans les organisations nationales des Faucons Rouges ; ces divergences n’étaient en réalité que le reflet de celles qui divisaient l’ Internationale Ouvrière Socialiste à l’égard des grands problèmes internationaux et qui devaient aboutir, en mai 1939, à la démission de L. de Brouckère comme Président et de F. Adler comme Secrétaire.

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[1La Commission d’immigration, le Comité Mattéotti, le BUND , et même,les relations avec les Mencheviks , comme en témoigne Simone Lacapère.

[2Voir en annexe p.215 "nombre des membres et des voix électorales des Partis socialistes adhérant à l’Internationale Ouvrière Socialiste !’

[3Avant la guerre

[4En 1882, fut créé le premier Parti socialiste polonais , sous le nom de "Prolétariat", après la répression tzariste, le Parti dut se reconstituer ; c’est en 1892 que se tint un Congrès de socialistes polonais qui devait donner naissance, deux ans après, à un Parti Socialiste Polonais

[5Chiffres donnés dans l’AIDE de février 1936

[6"Histoire Générale du socialisme" t. 3, collection dirigée par J. Droz, op. cit.

[7Lors du second congrès du Parti Social-démocrate russe, en Juillet 1903, d’abord à Bruxelles puis à Londres, Lénine, réussit à faire refuser par le congrès, le voeu du BUND qui désirait conserver son entière autonomie, et le départ du BUND permit aux majoritaires bolcheviks d’imposer leur conception ;

[8Pilsudski est appelé au pouvoir par tous les partis pour enrayer un putsch d’extrême droite.

[9"Agudat Israël" constitue aujourd’hui en Israël, un groupe conservateur assez important pour avoir quelques députés au Parlement.

[10Contrairement à l’opinion de certains Faucons rouges français

[11"Contribution à l’histoire du BUND à Paris", Pinches Szmajer dans "Combat pour la Diaspora" n° 4, 3e trimestre 1980, Ed. Syros, p. 51.

[12aujourd’hui, 52 rue René Boulanger, PARIS Xe.

[13compte rendu de la réunion plénière de la Centrale SKIF, réunie à Varsovie le 11 novembre 1938 transmis à l’I.E.S. ; l’AIDE, février 1939.

[14Au cours des élections de 1929, le Gouvernement (celui conduit par Pilsduski, depuis le coup d’Etat de mai 1926), a fondé son propre parti dit "Bloc sans parti de collaboration avec le gouvernement", le BBWR ou encore SNACJE , terme qui signifie un assainissement de la situation de l’Etat.

[15Compte-rendu de la réunion du Bureau Central du M.E.O. les 16 et 17 décembre 1950.

[16Compte-rendu du Comité exécutif du M.E.O du 17 mars 1951.

[17Berthe Burko-Falcman " Juive comme on respire " dans " Combat pour la Diaspora " op. cit.

[18siège du Mouvement après 1945.

[19Manuel des Faucons Rouges SKIF-France 1947 voir aussi en annexe P.216.

[20De nombreux jeunes responsables des Faucons Rouges prirent part aux journées insurrectionnelles de février 1934, à Vienne.

[21Henri de Man succède alors à Vandervelde à la tête du P.O.B. et imprime au Parti une tonalité autoritaire malgré tout différent du Parti socialiste SFIO.

[22En Décembre 1919, une "gauche marxiste" se constitue au sein du Parti Social-démocrate tchécoslovaque , puis en septembre 1920, cette même "gauche marxiste" se détache du Parti en devenant " Parti social-démocrate des travailleurs tchécoslovaques-gauche ", puis en 1921, Parti Communiste .

[23Exactement à Popajan-Carréa, soit à 200 km de Bogota.

[24Je note, dans le livre de Jean-Paul Joubert "Révolutionnaires de la S.F.I.O." op. cit., cette phrase p. 117, à propos de la politique de non-intenvention en Espagne : " Pivert tente tous les moyens de pression possible sur Léon Blum, lui envoie Jaquier qui vient de vivre en Espagne comme représentant des Faucons Rouges."